Répression, tortures et assassinats abominables du Maroc contre les immigrants négro-africains : une rupture s’impose!

Répression et tortures abominables du Maroc contre les immigrants négro-africains : une rupture s’impose

L’Appel du Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun Wa Afrika

Le 27 juin 2022

En ce mois de juin 2022, l’humanité négro-africaine est encore niée en terre d’Afrique. Plusieurs siècles après tant de luttes internationales pour la pleine reconnaissance de l’humanité noire, l’Afrique du nord blanche n’a pas encore renoncé au mythe raciste de sa supériorité naturelle.

Les images terribles qui font aujourd’hui le tour du monde sont tout simplement insoutenables. Traqués, battus, ligotés, torturés, traînés et jetés dans la poussière des plus infectes geôles, les africaines et les africains immigrants illégaux au Maroc vivent un enfer aux portes d’une Europe d’autant plus indifférente qu’elle est dévouée à l’accueil chaleureux d’une dizaine de millions d’Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays. Plusieurs dizaines de personnes noires viennent d’être tuées par les forces de l’ordre marocaines dans l’enclave de Melilla[1], dans le plus sourd des silences de la planète des puissances. Au point que même le très eurocompatible président de la Commission de l’Union Africaine, le tchadien Moussa Faki Mahamat, exige l’ouverture d’une enquête au Maroc et dénonce « le traitement violent et dégradant de migrants africains » dans un communiqué publié le 24 juin 2022.

Et ce n’est pas la première fois : en Libye, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Soudan, comme dans tout le Moyen-Orient arabe ces dernières années, de telles scènes et pratiques insoutenables sont légion. Comment faire face à cette monstruosité blessante, humiliante, affligeante, qui paradoxalement se normalise en Afrique du Nord et aux portes de l’Europe, à savoir la chosification répétitive de l’humanité négro-africaine qui n’est pas sans nous rappeler les affres des cinq siècles de domination que le continent noir endure depuis le 16ème siècle ?

Il faut commencer par responsabiliser les pays d’origine des migrants de la misère, les peuples de ces pays et les migrants eux-mêmes. Mais il faut clairement poser, devant le Maroc, les autres pays d’Afrique du Nord et les puissances occidentales de Méditerranée comme les puissances du Moyen-Orient, les lignes rouges d’une rupture historique permettant une révolution radicale de la relation de l’Afrique noire au reste du monde. Dans la présente tribune, j’illustre précisément cette rupture par les actions qui s’imposent pour infléchir la politique raciste et inhumaine du royaume chérifien envers les ressortissants d’Afrique subsaharienne.

Responsabilités africaines indéniables

         La servitude est impossible sans son acceptation relative ou absolue par le servile. Comme l’a vu Etienne de La Boétie, il y a incontestablement dans toute servitude, une part de la volonté de la victime. Ce que nous voyons subir des africaines et des africains en Afrique du Nord est dû à la manière dont les peuples africains sont traités en Afrique noire par des dirigeants africains eux-mêmes. Car c’est paradoxalement pour fuir le mépris du noir que le noir subit le mépris des puissances arabes du nord de l’Afrique.  Les forces de l’ordre du Maroc ne font que reproduire sur les Africains sur leur sol, ce que bon nombre de pouvoirs africains font aux Africains en Afrique noire. En réalité, de telles tragédies n’auraient pas été possibles si les dirigeants africains, les peuples et les citoyens africains n’avaient pas collectivement échoué à bâtir une véritable civilisation de la dignité humaine au sud du Sahara. Battre, torturer, blesser, humilier, capturer, ligoter, assassiner pour n’importe quelle raison un africain ou une africaine, est une chose banale dans l’écrasante majorité des pays d’Afrique noire. De telle sorte que c’est cette habitude du malheur nègre, venue du fonds des âges négriers et coloniaux, que les pouvoirs blancs arabes du Nord de l’Afrique reproduisent en toute tranquillité de conscience.

Tout part de l’incapacité des Etats faillis d’Afrique noire à assurer la santé, l’éducation, la sécurité, l’emploi, les droits citoyens fondamentaux, la sécurité sociale de leurs populations. Cette faillite des Etats d’Afrique noire, si parfaitement illustrée dans les descriptions de Serge Mikhailoff dans son ouvrage Africanistan,  elle-même a des causes complexes, endogènes et exogènes, on le sait : d’un côté des élites politiques illégitimes, corrompues, criminelles, prédatrices attitrées de la fortune publique qui ont généré des sociétés de citoyens abandonnés et moutonnisés à outrance ; de l’autre des puissances étrangères négrières occidentales et orientales, rompues aux arcanes du colonialisme, de l’impérialisme et du néocolonialisme, qui leur permettent de soutenir les élites africaines impotentes contre leurs propres peuples et citoyens, tout en assurant le pillage impitoyable du continent africain par leurs multinationales couvertes par des milices, des rébellions, des coups d’Etat téléguidés. Incontestablement, sans une révolution citoyenne des peuples africains, pour refonder l’Etat de droit africain sur des bases civilisationnelles africaines, sans une rupture des chaînes de l’impérialisme occidental et oriental sur l’Afrique, à travers le démantèlement bases militaires, des structures monétaires et financières néocoloniales, des institutions de répression culturelle et de sujétion spirituelle du continent, dans la perspective de la renaissance de la civilisation maatique multimillénaire dont les valeurs de référence sont la Solidarité, la Vérité et la  Justice.

Et si l’acte migratoire est l’œuvre de personnes africaines détruites par les sociétés de misère et de violence qui prospèrent au sud du Sahara, comment évacuer complètement la responsabilité du migrant, de la migrante, eux-mêmes ? Dans la plus nue des désespérances, tout être humain conserve un minimum de libre-arbitre, en raison des performances naturelles de son mental de sapiens sapiens. Au moment où les jeunes africaines et africains s’élancent dans la voie terrible du désert du Sahara, comment pensent-ils ignorer que leur décision est aussi l’œuvre de leur propre volonté, malgré la pression inhumaine de la misère locale qui les pousse comme inexorablement vers l’aventure de l’exil à travers déserts, forêts, mers, océans et terres de puissances barbares ? Nul ne peut imaginer une révolution citoyenne contre les migrations sauvages vers l’Europe sans la responsabilisation individuelle des jeunes africains, dans une éducation de proximité au bon sens, à la persévérance chez soi et à la dignité.

Responsabilités des puissances d’Afrique du Nord et de l’Occident

Ces responsabilités africaines dans le malheur des migrants de la mort à travers le Sahara et les mers et océans du monde, n’enlèvent pas pour autant celles des puissances nord-africaines et occidentales dans la tragédie en cours. Sans exception, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Soudan, qui forment la façade nord de l’Afrique ont des relations diplomatiques, économiques, culturelles et sociales avec l’ensemble des pays d’Afrique Noire. Cela veut dire que les problèmes générés par la pression migratoire subsaharienne sur l’Afrique du Nord sont connectés au mode de coopération entre les pays d’Afrique du Nord et les pays subsahariens.

Il s’ensuit que la responsabilité des dirigeants d’Afrique subsaharienne devrait être davantage engagée par les pays d’Afrique du Nord dans les sanctions imposées aux invasions migratoires qu’ils subissent du fait de l’échec des politiques d’éducation, de santé, d’emploi, de citoyenneté au sud du Sahara. Or qu’observe-t-on ? Que les puissances arabes d’Afrique du Nord préfèrent se défouler sur les victimes de l’inhumanité subie au sud du Sahara que de convoquer d’urgence des Etats généraux sur les causes de ces vagues migratoires, avec la mise face à leurs responsabilités des dirigeants d’Afrique noire.

 Dès lors, on peut sans risque de se tromper en déduire que les dirigeants d’Afrique du Nord sont en complicité avec les dirigeants d’Afrique noire contre les peuples africains abandonnés. De part et d’autre de la relation arabo-subsaharienne, une espèce de connivence dans la maltraitance des peuples d’Afrique noire est la règle non écrite qui régit la tragédie actuelle.

Car comment comprendre que les relations diplomatiques entre le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, le Soudan d’une part et d’autre part les autres pays d’Afrique subsaharienne d’où partent les migrants de la misère, ne soient jamais perturbées, remises en cause ? C’est bien parce qu’il y a en commun entre les élites nord-africaines et subsahariennes, des connivences stratégiques, économiques et politiques dans l’exploitation et la domination de l’Afrique noire. De la même façon que la coopération inégale entre l’Occident et l’Afrique est la base cachée du consensus anti-immigrants des dirigeants impérialistes occidentaux et de leurs vassaux africains corrompus, la banalisation de la tragédie des migrants africains est un sous-entendu inavoué de la relation Afrique du Nord-Afrique Subsaharienne. Et c’est précisément ce que le cas marocain illustre à suffisance.

La tragédie africaine au Maroc ou le paradoxe d’une coopération biaisée

Placé à la pointe de l’Afrique et connecté au détroit de Gibraltar, le Maroc est un Etat stratégique pour les migrants subsahariens parce que son sol permet un passage à pied vers le continent européen, cet Eldorado imaginaire des africains sevrés de vie sensée. Traverser le désert marocain, les villes marocaines jusqu’à l’enclave de Melilla d’où l’on peut se déverser sur l’Europe via l’Espagne, tel est donc le tracé que tout migrant efficace et bien conseillé se forme dans son esprit. Or c’est paradoxalement sur ce chemin vers la vie heureuse rêvée que se dresseront contre les jeunes africains, les pires cauchemars de leur existence terrestre.

La politique migratoire marocaine est motivée, on peut aisément le deviner, par trois motivations évidentes.

D’abord des motivations sécuritaires, puisque l’afflux de migrants illégaux sur son sol s’accompagne d’une augmentation des infractions sur son territoire : agressions, vols, trafics illicites de toutes sortes, crimes et associations de malfaiteurs sont le lot quotidien des zones de pression migratoire. Qui peut nier que l’Etat marocain ait le droit de faire régner la paix et la sécurité sur son sol, et notamment de faire respecter ses lois ? Personne de sensé. Même si la question de l’Etat de droit ne peut être séparée de celle du respect requis pour tous des droits inaliénables de la personne humaine. Et c’est précisément là que l’Etat marocain, en se faisant tortionnaire des noirs d’Afrique, s’inscrit en faux contre la dynamique de l’émergence d’une fraternité humaine universelle.

Ensuite des motivations socioéconomiques, puisque la pression migratoire s’accompagne en bonne partie de tentatives de sédentarisation des immigrés, qui mettent alors à rude contribution les services publics marocains, mais aussi les opportunités d’emplois privés que l’économie marocaine réserve tout naturellement en priorité aux jeunes marocains. L’hostilité des populations marocaines envers les migrants négro-africains s’explique sans doute par cette peur du grand remplacement de l’Afrique du Nord blanche par l’Afrique noire, sur le fond des stéréotypes fantasmés de l’imagerie locale du noir, où se bousculent pêle-mêle des préjugés sexuels, religieux, culturels et politiques divers. Il faudrait une étude à part, pour décrire les enchevêtrements de la perception marocaine de l’humanité noire. Elle est, de toute évidence, dominée par les préjugés du racisme multiséculaire datant de la période la Traite officielle des Noirs à celle de leur subordination sociale, économique et politique qui constitue un apriori de la pensée quotidienne du Maroc actuel.

Enfin, viennent les motivations politiques et géopolitiques. L’Etat marocain et son gouvernement ne peuvent qu’être sensibles à la négrophobie dominante dans le pays. Ils sont négrophobes par habitude et par opportunité. Ne pas surfer sur cette vague négrophobe de l’opinion marocaine dominante, c’est prendre le risque de s’aliéner une jeune population marocaine qui par ailleurs n’est pas avare de revendications démocratiques et socioéconomiques contre la monarchie constitutionnelle du roi Mohamed VI.

Mieux encore, le Maroc a une conscience évidente de son pouvoir de chantage sur l’Union Européenne, à travers l’arme de la menace d’ouverture de ses frontières pour punir l’Europe en cas de proximité entre elle et ses opposants internes. C’est par exemple le cas, quand des thèses favorables au mouvement indépendantiste du Sahara marocain occidental- le Front Polisario- apparaissent en Espagne ou plus largement dans l’Union Européenne. Les pressions migratoires, paradoxalement, font du Maroc, un partenaire fort écouté par les Européens, car le Maroc tient la valve de l’invasion démographique africaine massive vers l’Europe et peut à tout moment l’ouvrir pour punir ceux qui ignoreraient ses intérêts régaliens. Un certain nombre de financements de l’Union Européenne vers le Maroc tiennent précisément à cette fonction d’Etat-soupape de sécurité migratoire pour l’Europe.

Mais le point essentiel dans cette géopolitique marocaine, c’est la place centrale qu’occupe sa politique d’investissement économique massif[2] vers l’Afrique Subsaharienne. Soit aujourd’hui plus de la moitié de ses investissements économiques directs à l’étranger. En raison de ses nombreux accords économiques bilatéraux avec les Etats subsahariens, qui permettent au Maroc de lever une formidable rente profitable dans l’Afrique noire, le Maroc se garde de mettre en cause les dirigeants africains corrompus avec lesquels ses multinationales coopèrent au détriment des intérêts des peuples subsahariens. Comme le rapporte le site d’informations marocaines Tel Quel dans un article de mai 2021 :

« Constitués essentiellement d’investissements directs en Afrique subsaharienne, ces investissements représentent 47 % du total des investissements directs étrangers (IDE) marocains, précise la DEPF dans un “Policy Africa” sur les profils des économies africaines. Les IDE marocains dans la région fluctuent d’une année à l’autre, mais leur part reste toujours élevée dans le total, représentant jusqu’à 92,2 % des flux d’IDE sortants en 2010, relève la même source. Le Maroc est présent en Afrique subsaharienne, première destination de ses IDE en Afrique, dans plus de 14 pays dont la Côte d’Ivoire (13 %) le Tchad (12 %), le Sénégal (9 %), le Madagascar (7 %), le Cameroun (4 %) et l’Île Maurice (3 %), fait savoir la DEPF. »[3]

Et mieux encore, dans un article fort documenté du 2 mars 2021, intitulé « Comment le Maroc est devenu une puissance africaine », voici ce que relate le même journal marocain :

« La reconnaissance diplomatique de l’intégrité territoriale marocaine n’était toutefois pas le seul leitmotiv de cette politique africaine. Depuis le début du règne de Mohammed VI, le Maroc s’est davantage ouvert aux marchés mondiaux des capitaux et s’est engagé à l’échelle domestique dans la quête de l’émergence par la croissance économique. Cette quête s’est illustrée par des investissements considérables dans les infrastructures urbaines et rurales, par la transition vers la production manufacturière et par le maintien d’un taux de croissance de 4 % en moyenne depuis les années 2000. De nombreuses grandes entreprises publiques et privées souhaitent désormais offrir leurs services à l’extérieur des frontières marocaines et investir de nouveaux marchés.C’est le cas par exemple dans la gestion de l’électricité, le Maroc ayant atteint un taux de 99 % en matière d’électrification rurale en 2019 contre moins de 30 % en 1999. La présence économique marocaine s’est dès lors affirmée dans différents secteurs en Afrique, parmi lesquels les industries minières, les infrastructures, les banques et assurances, l’agriculture et l’agroalimentaire, les télécommunications et les finances. Dès le milieu des années 2010, le royaume devenait ainsi le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième à l’échelle continentale, après l’Afrique du Sud. Si les opérateurs économiques sont influents et déterminants dans les orientations prises par la diplomatie, la particularité de la stratégie marocaine réside toutefois dans la subordination de l’outil économique aux impératifs politiques. Cette subordination n’est pas toujours aisée, dans le contexte international de l’affaiblissement des États au profit de la montée en puissance des firmes. Elle est néanmoins réelle, et permet d’assurer la cohérence et la continuité de la nouvelle politique étrangère du Maroc en Afrique. »[4]

On a donc tout compris. Le royaume du Maroc a donc choisi de profiter des richesses de l’Afrique noire tout en passant par pertes et profits les intérêts des peuples d’Afrique noire qu’il n’hésite pas à maltraiter exactement comme le font tous les dictateurs d’Afrique noire alliés corrompus du Maroc. C’est la diplomatie entre élites qui est privilégiée dans l’approche du monde négro-africain par le royaume chérifien aux détriments de la fraternité des peuples du continent. D’où l’urgence d’une réaction des peuples africains contre cette mascarade organisée de

Concluons donc par nos recommandations. Pour mettre fin à la tragédie des migrants africains au Maroc en particulier et en Afrique du Nord, voire dans le monde en général, les peuples africains doivent mobiliser quatre leviers puissants pour répondre à la hauteur de l’outrage :

  1. Prendre conscience, grâce aux actions d’éducation citoyenne et d’éveil collectif, des enjeux des politiques migratoires criminelles causées par la mafia-afro-arabo-occidentale qui tient les richesses de l’Afrique et les peuples africains en otage. C’est la déconstruction de cette mafia des élites afro-arabo-occidentales corrompues qui créera l’état de conscience nécessaire pour le succès des luttes d’émancipation de ce temps ;
  2. S’engager plus activement dans les luttes sociales, culturelles, économiques et politiques nécessaires pour la chute des régimes despotiques, corrompus et incompétents d’Afrique subsaharienne, afin de confier l’Afrique à un leadership affranchi du racisme, du néocolonialisme et de l’impérialisme afro-arabo-occidentaux, capables de bâtir des Etats de droit maatiques et la grande fédération maatique des Etats d’Afrique subsaharienne ;
  3. Mobiliser les associations, personnalités et figures de proue des sociétés civiles africaines pour exiger de toute urgence, le démantèlement des intérêts économiques des puissances arabo-occidentales coupables d’actes de maltraitance, de torture, de discrimination, de crimes et de déshumanisation contre les migrants africains sur leur sol;
  4. Exiger l’annulation des accords économiques, culturels et politiques privilégiés qui lient le Maroc avec les pays d’origine des migrants que le Maroc déshumanise, afin de peser directement sur les intérêts du commerce économiques et stratégiques marocains en Afrique noire, pour imposer le respect des négro-africains au Maroc. Le boycott, l’annulation des contrats, la dénonciation des accords afro-marocains, le retrait des ambassadeurs africains du Maroc s’imposent, pour remettre à plat la coopération afro-marocaine, et même afro-arabe en général afin de la reconstruire éventuellement sur des bases saines.

Vous l’avez compris. C’est la construction d’un front de lutte contre l’exploitation abusive organisée des richesses de l’Afrique noire par les élites afro-arabo-occidentales, qui mettra fin à la persécution des noirs d’Afrique en Afrique du Nord en général et au Maroc en particulier. Bien sûr, une telle lutte se connectera utilement à l’ensemble des mouvements authentiquement fraternels en lutte au sein des sociétés d’Afrique du Nord en général et du Maroc en particulier, car si l’injustice n’a pas de couleur, la lutte contre elle n’en a pas non plus. Car il importe de répéter avec Aimé Césaire notre credo :

« Et voici au bout de ce petit matin ma prière virile

que je n’entende ni les rires ni les cris, les yeux fixés

sur cette ville que je prophétise, belle,

donnez-moi la foi du sauvage du sorcier

donnez à mes mains puissance de modeler

donner à mon âme la trempe de m’épée

je ne me dérobe point. Faites de ma tête une tête de proue

et de moi-même mon coeur, ne faites ni un père, ni un frère,

ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils,

ni un mari, mais l’amant de cet unique peuple.

Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie

comme le poing à l’allongée du bras !

Faites-moi commissaire de son ressentiment

faites-moi dépositaire de son sang

faites de moi un homme de terminaison

faites de moi un homme d’initiation

faites de moi un homme de recueillement

mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement

faites de moi l’exécuteur de ces oeuvres hautes

voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme-

Mais les faisant, mon coeur, préservez-moi de toute haine

ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine

car pour me cantonner en cette unique race vous savez pourtant mon amour tyrannique

vous savez que ce n’est point par haine des autres races

que je m’exige bêcheur de cette unique race

que ce que je veux

c’est pour la faim universelle

pour la soif universelle

la sommer libre enfin

de produire de son intimité close

la succulence des fruits. »[5]

Dr Franklin Nyamsi Wa Kamerun Wa Afrika

Le 27 juin 2022


[1] https://telquel.ma/instant-t/2022/06/27/drame-de-melilia-lunion-africaine-demande-une-enquete_1773417/

[2] https://www.cairn.info/load_pdf.php?download=1&ID_ARTICLE=GEOEC_063_0073

[3] https://telquel.ma/2021/04/05/le-maroc-a-investi-54-milliards-de-dirhams-en-afrique-en-2019_1716942?fbclid=IwAR0SN7qhg7HV11mpkk0pQXb08RmUYAwXYnHLC8mCjXYO4mxrlWoPTBJ2xhQ

[4]https://telquel.ma/2021/03/02/comment-le-maroc-est-devenu-une-puissance-africaine_1712627

[5] Cahier d’un retour au pays natal, Éditions Revue Volonté 1939, Bordas 1947, Présence africaine 1956, 1971.

Publié par Institut de l'Afrique des Libertés, Dr Nyamsi Wa Kamerun Wa Afrika

Docteur en philosophie, je suis auteur de nombreux ouvrages littéraires, politiques et philosophiques. Citoyen du monde engagé pour l'Etat de droit et la démocratie en Afrique comme ailleurs, je crois que la réussite consiste à toujours bien entreprendre.

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